Il peut sembler difficile de comprendre une femme qui décide de rester ou retourner vivre avec son conjoint, et ce malgré ses comportements violents. Pour les membres de sa famille et ses amis, une telle décision provoque souvent l’incompréhension et même la colère. On se sent démuni et on a tendance à blâmer cette femme, disant qu’elle doit aimer ça ou qu’elle est « folle » d’endurer cette situation.
Pourquoi les femmes restent ? Quand on comprend mieux la dynamique de la violence conjugale, on réalise que ces femmes ne font pas le choix de rester dans cette relation, elles le subissent. La domination du conjoint les empêche de réagir.
Il faut d’abord comprendre que cette violence s’installe graduellement au début de la relation et s’avère difficile à détecter. Le conjoint violent met en place des moyens pour acquérir une emprise sur sa conjointe. Au fur et à mesure, il installe des moyens de contrôle subtils et lui fait sentir qu’elle est responsable de l’éclatement de la violence.
Il sait repérer ses faiblesses et les utilise afin de la garder dépendante de lui. Les agressions morales diminuent les résistances de la femme, ce qui fait augmenter son seuil de tolérance et la paralyse de toute tentative à réagir.
Pour empêcher sa femme de le quitter, le conjoint violent fait des menaces, mais aussi des promesses. Il menace de la frapper, quand cela n’a pas encore été fait, de se suicider, de la tuer, de lui enlever les enfants, de la mettre à la rue ou de la faire passer pour folle.
Au moment où la femme décide de rompre, les menaces s’accentuent, la violence s’intensifie et le chantage se fait plus persistant. Si ces moyens n’ont pas fonctionné, il lui fera des promesses qui répondent à ses attentes, lui donnant ainsi espoir qu’il va changer.
Comme ces femmes se sentent responsables de l’échec de la relation, elles jugent qu’elles ne sont pas à la hauteur ou dignes d’être aimées. Elles ne se voient pas comme des victimes et refusent d’admettre que l’homme qu’elle aime puisse agir ainsi.
Pour conclure, on pourrait dire que ces femmes vivent une forme de séquestration psychologique. Elles sont piégées dans le cercle de la violence conjugale et vivent un profond sentiment d’impuissance. Pour surmonter les effets pervers de cette violence, retrouver leur dignité et leur estime, elles auront besoin d’une aide qualifiée.
Elles devront mettre leur sécurité et celle de leurs enfants au premier plan dans la recherche de solutions.